Agir ensemble pour que chacun soit acteur de sa vie

Intervention de Karim Mokhtari

Une réponse à appel à projet

Le service de réparation pénale intervient auprès de mineurs ayant commis une infraction dans le cadre des alternatives aux poursuites et de la composition pénale.

Il met en œuvre des mesures de réparation pénale et différents stages (citoyenneté, formation civique, sensibilisation aux produits stupéfiants, sensibilisation aux risques liés à la conduite).

Dans le cadre de l’appel à projet initié par l’association suite au don de Foliateam, le service a proposé que Karim Mokhtari, directeur de l’association 100 murs, intervienne auprès des jeunes du service de réparation pénale mais aussi d’autres usagers et professionnels des services de la Sauvegarde dans une volonté de transversalité.

L’association 100 murs a pour objectif « de prévenir la récidive et l’endoctrinement radical violent ». Karim Mokhtari tente à travers un témoignage, relatif à son expérience de vie, de faire réfléchir des adolescents et jeunes adultes qui présentent une trajectoire délinquante ou qui se mettent en danger.

Un témoignage fort

Humilité, amour, pardon, rédemption : tel est le message que Karim Mokhtari porte auprès des jeunes délinquants, des détenus, des familles, lors de conférences diverses. C’est avec un grand intérêt que La Sauvegarde des Yvelines a pu le faire intervenir au sein de ses établissements pour partager son histoire et sensibiliser les jeunes, grâce aux dons de l’entreprise Foliateam. Les échanges avec les jeunes du service de réparation pénale ont été intenses, chacun d’entre eux y retrouvant un petit instant de sa propre histoire. A travers des yeux passionnés, les jeunes ont été absorbés par ce témoignage et ont été attentifs à ses enseignements. Karim Mokhtari a eu l’occasion d’intervenir auprès d’autres services de La Sauvegarde des Yvelines.

"Vous connaissez des gens qui sont allées en prison ?"

Karim Mokhtari a commencé son intervention auprès des jeunes du Service de Réparation Pénale avec cette question.

« Ça doit être dur » « C’est la merde » « T’es coupé de tout, tu ne vois plus ta famille ni tes amis » : les réponses des jeunes présents pour assister à l’intervention, sont unanimes.

« Mais mon parcours, c’est pas que la prison ».

C’est ainsi que pendant deux heures, Karim Mokhatari a raconté son histoire. En commençant par son activité récente, comme directeur de l’Association 100 Murs, puis un peu plus ancienne, avec ses expériences en tant que coordinateur de services civiques et chef de chantiers humanitaires, où les pauvretés sénégalaises, indiennes et brésiliennes l’ont marqué à vie. Mais « ça fait du bien de se sentir utile », comme il le dit.

Tout doucement, Karim Mokhtari emmène les jeunes chez lui, pendant son enfance, en racontant les multiples sévices qu’il a pu subir au sein de sa famille : « j’étais devenu l’esclave de la maison ». Un père absent, une mère et un beau-père violents et maltraitants, qui lui ont laissé une trace à vie : un tatouage, réalisé à 9 ans sur l’épaule pour se faire punir. On peut y lire « Johnny », dont ses parents étaient fans. « Aujourd’hui, je le garde parce que ça me rappelle tout le chemin parcouru jusque maintenant ». Comme tout enfant, Karim Mokhtari était avant tout à la recherche de l’amour maternelle et la reconnaissance d’une famille.

Vols, braquages, violences, les années s’enchaînent pour Karim, avec un placement en foyer PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). C’est d’ailleurs à cette époque que Karim découvre son véritable prénom. Issu d’une mère française et d’un père algérien, le racisme de sa famille recomposée lui avait valu jusqu’à présent le prénom de « David ». Alors comment fait-on à 12 ans, lorsque l’on change de prénom, pour connaître véritablement son identité ?

 

Après un passage par l’armée de l’air, Karim raconte aux jeunes ce premier choix, celui qui l’emmènera pendant 10 années en prison : un braquage qui a mal tourné, avec la mort d’un homme comme finalité. « J’ai jamais vu autant de drogue et de violences au centimètre carré que dans une prison ». Karim leur raconte les journées passées au « mitard », la cellule de 9m² pour 6 personnes, les émeutes, les promenades, le racket… 

"J'ai fait des rencontres"

« J’ai fait des rencontres » leur explique Karim Mokhtari. Trois rencontres qui ont marqué sa vie.

Tout d’abord, un vieux détenu qui lui parla du temps et de sa valeur : « Tout ce qu’on a, c’est le temps. C’est ce qu’on a le plus précieux ». A partir de cet instant, Karim a pu prendre conscience qu’il maîtrisait ses choix et les impacts qu’ils pouvaient avoir sur sa vie. 

Puis, un aumônier catholique, qui l’a pardonné et lui a donné l’amour de Dieu, cet amour qu’il avait attendu de la part de sa mère depuis toujours, et ce pardon qu’il attendait de la justice de son pays.

Enfin, une femme. Cette femme devenue aujourd’hui son épouse, qui l’a attendu pendant presque 10 ans, et lui a donné 2 enfants. 

Aujourd’hui, Karim Mokhtari a réalisé ce chemin de la rédemption et du pardon. Il a donné le pardon à sa famille maltraitante, il a demandé pardon à la mère et au fils de la victime de son braquage. Avant tout, Karim Mokhtari a pris conscience de ses choix et de ses actes : « J’ai fait deux choix dans ma vie : un m’a donné 10 ans de prison, et l’autre m’a empêché de reprendre 15 ans », en refusant de nouveau la facilité des braquages.

Nous remercions vivement Karim Mokhtari pour son témoignage riche en émotions et en apprentissages, ainsi que notre donateur, l’entreprise Foliateam, grâce à qui ces conférences ont pu avoir lieu. 

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